dimanche 11 novembre 2012

La grande boucherie !

 



Alors qu’il est rare de trouver le propre témoignage de Henri-Charles Geffroy sur les horreurs de la Grande Guerre, voici l’éditorial qu’il intitula : “Du « sang des Bêtes » au sang des Hommes” (paru le 21 novembre 1949 dans son Journal « La Vie Claire » qu’il fonda en 1946) à propos du court-métrage documentaire « Le Sang des Bêtes » du réalisateur breton Georges Franju (1912-1987), projeté en soirée du lundi 7 novembre 1949, dans une salle de conférences située au 184 boulevard Saint-Germain à Paris.
Il ne manqua pas de commenter et même de faire projeter par la suite ce film sur les abattoirs de la Villette et de Vaugirard à Paris et d’un réalisme sans concession, alors censuré et écrit ceci :


Certes, les personnes douées d'une sensibilité normale, sans parler des nombreux végétariens, hypersensibles pour la plupart, qui assistèrent à la dernière soirée du C.E.B.E.M., ne s'attendaient pas, en venant voir le film de Franju sur les abattoirs (que la censure n'a pas permis jusqu'ici de montrer en public) à assister à un spectacle bien agréable.
Je n’y fus moi-même que par devoir, non par curiosité.
Au reste, pourrait-on avoir encore une curiosité pour des spectacles laids, à une époque où la laideur est érigée à la hauteur d’un culte par ceux qui gouvernent nos tristes réjouissances ?


Pour ce qui est du film, et malgré des lacunes aussi compréhensibles que regrettables (comme, par exemple, l’absence de toute scène montrant la récupération, dans de grands récipients plats de tout le sang qui coule à terre mélangé d’immondices, pour les laboratoires qui fabriquent divers produits à base de substances comme l’hémoglobine, et que toutes les personnes visitant les abattoirs remarquent...), on peut dire qu’il dépasse en horreur tout ce que peut prévoir l’esprit le plus imaginatif et l’on comprend, en le voyant, que certains intérêts s’opposent à sa projection publique.

Il faut bien, n’est-ce-pas, cacher à la clientèle cet envers du décor gastronomique dont on ne lui fait voir habituellement que le côté flatteur : les savantes préparations culinaires, la décoration des pièces montées, les rites enfantins dont s’accompagne, dans les restaurants à la mode, la présentation de ces quartiers d’animaux si peu appétissants à l’étal du boucher.


Pour ma part, en voyant toute cette chair palpitante, dégoulinante de sang, ces chevaux abattus d’un geste précis, en plein front, qui chutent soudain des quatre pattes, ou ces petits moutons bêlants ou gambadants, auxquels on tranche le col après les avoir gentiment alignés sur d’immenses tables, comme à la parade, je ne pouvais m’empêcher de revivre les affreux instants d’un matin de septembre 1915 où, pressés dans une tranchée de départ devant Auberives, nous attendions, mes camarades du 103e et moi, alignés comme à la parade, l’ordre de monter sur le parapet, baïonnette au canon...
Deux par deux, les compagnies bondissaient à l’assaut... Les hommes faisaient trois pas, s’empêtraient dans nos barbelés intacts et, tandis qu’ils essayaient de se dégager, s’écroulaient sous les rafales de mitrailleuses ennemies.
Pendant ce temps, l’artillerie, balayant d’enfilade tous les boyaux d’accès, achevait de massacrer ce qui restait de ces garçons des classes 15 et 16, envoyés pour la première fois à l’attaque...


À LA BOUCHERIE !!!

Telle fut, le lendemain, la sinistre expression par quoi les rares survivants désignèrent cette opération qui, on le sut plus tard, avait été montée hâtivement, comme un coup de Bourse, parce qu’il fallait enlever à la Chambre un vote de crédits supplémentaires pour la Défense Nationale...


J’ai vu, ce matin-là, dans un même écroulement soudain que chez le cheval de l’abattoir, des hommes frappés d’une balle en plein front ; j’ai vu voltiger des têtes d’hommes, arrachées par des éclats d’obus tranchants comme des rasoirs ; j’ai vu le sang des hommes ruisseler sous les caillebotis défoncés et, toute ma vie, je conserverai la vision de cet homme, assis dans la boue, qui retenait de ses mains sanglantes, ses entrailles échappées de son ventre, par une plaie béante.

Pendant de longues années, je m’étais demandé quelle pouvait être la cause initiale, profonde, de ces horribles carnages.
Aujourd’hui, après une réforme complète de mes habitudes, grâce à laquelle j’ai recouvré la santé et l’équilibre, je suis absolument convaincu qu’il ne faut pas chercher ailleurs que dans le massacre quotidien, inutile, de ces milliers de créatures que les hommes sacrifient, non pas par gourmandise comme on le croit généralement, mais simplement par habitude, parce qu’on les a persuadés que la viande est un aliment indispensable et que « cela s’est toujours fait comme cela ».


Seule, une nécessité biologique pourrait autoriser l’homme à dévorer des animaux, s’il n’était pas démontré, justement, que celui qui s’abstient de toute nourriture carnée ignore les fléaux microbiens.

Ce n’est pas en vain qu’on enfreint les grandes Lois...
Comme celle qui interdit toute violence inutile :
Tôt ou tard, d’une façon ou de l’autre, il faut payer !...



Mon avis, s'il m'est permis de le donner, avis d'ancien malade condamné et abandonné par ce corps médical ET QUI VIT - sans son autorisation - par la simple vertu d'une réforme complète dans sa manière de se conduire et de s'alimenter, est que :
Nous avons tous en nous "les germes" du cancer, de la tuberculose, de toutes les maladies appelées infectieuses, c'est-à-dire dues à des microbes ou à des virus. Il importe peu de les examiner et de savoir s'ils résultent de la dissociation des organites haltères selon le Professeur Tissot (ou des "nanobes" ou Microzimas selon le Professeur Béchamp ! (Note de Daneel)), ou s'ils proviennent de l'extérieur comme le soutient la thèse officielle...
Ces germes qui ont, de tout temps, été dans le sang des hommes, ont commencé à être dangereux le jour où l'intervention du microscope a permis de les découvrir, de les étudier... et de leur faire la guerre !

Ils sont devenus de plus en plus virulents à mesure qu'on les pourchassait plus violemment.
Et, chaque fois qu'on invente un nouveau moyen de les exterminer, ils reparaissent, plus résistants que jamais, sous une nouvelle forme...

N'est-ce pas la meilleure preuve de l'inutilité du système de la violence et en même temps de l'erreur de la médecine et de la chirurgie du siècle, de l'immoralité même de ces sciences qui, au lieu de révéler aux hommes que leurs erreurs sont l'unique cause de leurs maux, s'efforcent de découvrir chaque jour de nouvelles drogues pour leur permettre de ne pas souffrir et les pousser à enfreindre ainsi, de plus en plus, les Lois du Créateur, sans avoir à se repentir - "CHANGER" ! - de leurs fautes ? (...)

Les microbes ont pour rôle, dans le cycle éternel de la transformation de la matière (qui passe inlassablement d'un règne à l'autre par les fonctions successives de nutrition des plantes, puis des animaux ou des hommes et recommence sans cesse le même parcours), de permettre à cette matière, arrivée au stade le plus élevé - la matière organique vivante - de dégager l'Esprit, de se décomposer en corps simples et de retourner au règne minéral. Le microbe est donc le pivot de cette création continue qu'est le mystère de la vie, expliqué dans toutes les Traditions par le symbole de la Création. (...) Sans le microbe, la vie s'arrêterait donc !

Et, si ce même microbe “commet parfois l’erreur de s’attaquer au sang des hommes" (ou des animaux domestiques quand l’homme modifie leurs habitudes alimentaires), c’est que l’homme, le premier a enfreint les Lois de la nature, en prenant sa nourriture là où il ne doit pas la prendre, tentant de s’approprier directement cette énergie vitale qui est incarnée dans l’animal.


Car l’homme, ainsi qu’il est dit au premier chapitre de la Genèse, ne doit puiser cette énergie que dans le végétal « dans toute herbe portant semence... et dans tout arbre qui porte un fruit d’arbre ayant semence... » (Genèse I, 29-31), la fonction du végétal étant de rassembler l’énergie, de la potentialiser pour permettre à l’animal ou à l’homme de l’actualiser.


Et, si le microbe s’attaque aux mangeurs de viande, tandis qu’il respecte ceux qui s’en abstiennent, c’est parce que les tissus des premiers, leur sang, leurs glandes, leurs humeurs, sont imprégnés de toxines de cadavre, d’odeur de cadavre, d’innombrables radiations qui, bien que nous ne les percevions pas, n’en émanent pas moins de cette chair cadavérique, dont chaque cellule appelle, sur les responsables de leur sacrifice, les épouvantables chocs en retour que subit l’humanité.

Il ne faut pas combattre le microbe par la violence :
il faut l’obliger à partir en purifiant notre sang.

Cette conception du végétarisme ouvre à celui qui l’admet des horizons d’une autre classe, dont la compréhension du véritable rôle de l’homme dans l’Univers et le respect des Lois éternelles, comme la Loi d’Amour, est la première étape. 

21 novembre 1949
(A noter que cet éditorial a été rediffusé avec d'autres - publiés entre 1946 et 1954 -, dans un ouvrage de 1963, intitulé "Parlons Clair")



Commentaires de Marie-Lise Geffroy dans une monographie (en préparation) sur son grand-père Henri-Charles Geffroy, gazé dans les tranchées de la Grande Guerre :
"On comprend déjà tout le combat que Henri-Charles Geffroy mènera ensuite, en véritable observateur des horreurs de la Grande Guerre, pour le végétarisme.
Lui-même étant issu d’une famille de tanneurs dont certains membres avaient été même équarrisseurs et qu’il avait sans doute connus durant ses vacances scolaires, il déploiera encore plus intensément sa stratégie par l’information sous toutes ses formes (notamment avec le journal “La Vie Claire”), pendant et après la Deuxième Guerre mondiale.
De toute façon : quel enfant candide, figé par l’horreur du spectacle, n’a pas vu comment certains hommes à la campagne se livrent à la chasse, à l'abattage puis à la saignée et au dépeçage d’innocentes créatures ?
Peut-être est-ce pour cela que la Grande Guerre recruta tant de paysans, beaucoup plus habitués que les citadins (certains furent des “planqués”), à supporter la boue des tranchées et la vue de l’inévitable mort de camarades et de chevaux par les tirs ennemis ou par ceux de sa troupe pour en achever les souffrances ?"...




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