Et on pourrait aussi évoquer leurs nombreux égorgements.... les crimes de toutes sortes, du viol de jeunes femmes aux destructions de sites culturels faisant partie pourtant du Patrimoine de l'Humanité.... de leur propre patrimoine historique !!!
Des dingues.... des monstres... des démons non pas au service d'Allah mais du Sheitan !...
Les prétendues "raisons" censées justifier ces crimes terroristes n'ont
pas le moindre intérêt :
Aucune idée ne vaut que l'on tue pour elle ....
Un seul meurtre en son
nom et cette idée est alors disqualifiée, nulle, totalement indigne...
Le témoignage de mon amie - scientifique et musulmanne - Ines Safi
(récemment publié sur sa page Facebook) :
Bonjour chers tous.
Je me suis abstenue, avec un succès mitigé, d'aborder ici l'actualité, jugeant plus adéquat d'entretenir un havre de paix.
Un salon où des êtres de maints horizons se retrouvent malgré leurs divergences d'opinion, unis par leur commune sensibilité à la beauté et à la nourriture de l'âme, à l'abri des débats houleux que l'on perçoit partout.
Je reste ainsi fidèle à ma devise : semer des fleurs au lieu de dépenser de l'énergie à arracher la mauvaises herbes (tout en sachant cependant les identifier.)
J'ai aussi bien d'autres missions sur lesquelles j'ai besoin de me concentrer, dans le cadre de ma recherche "purement" scientifique ou de celle portant sur le dialogue entre sciences et foi.
Vous me pardonnerez alors si je ne me suis pas exprimée sur tant de causes qui me tiennent pourtant à coeur (j'ai eu toutefois plusieurs publications datant du bombardement de Gaza) et/ou sur celles que tant d'amis défendent sans que je puisse leur apporter un soutien.
Je ne me suis sûrement pas dévouée à la catastrophe syrienne, où les divisions entre syriens eux-mêmes me fait tant de peine.
Je n'ai pas évoqué les attentats au Liban, un autre pays qui est pourtant si cher à mon coeur aussi. La liste est bien longue, malheureusement.
Cependant, il me fut difficile de ne pas m'exprimer sur Charlie ainsi que sur cet attentat d'une horreur inimaginable.
J'habite dans une petite ville paisible au bord d'une rivière, au milieu de bois et de parcs, avec une charmante vieille église au centre.
Mais je ne suis qu'à une demi-heure de Paris. Nous aurions pu flâner dans ces quartiers attaqués.
Ici, c'est mon pays d'adoption.
Mes enfants y sont nés, et nous y sommes tous attachés. Et ce malgré l'histoire de la colonisation et les séquelles qu'a eues maman sous l'effet des soldats ayant encerclé sa maison et torturé son frère pendant deux ans, tabassé son autre frère qui en a perdu les cheveux. Malgré le racisme d'état que je perçois tristement, et les interventions guerrières dans d'autres pays qui me sont aussi chers...
La réconciliation s'est faite, même en absence d'une demande de pardon.
Je pense que le pardon est encore plus bénéfique pour celui qui l'octroie.
Et ce sont les êtres que je côtoie tous les jours qui me sont chers. Avec leurs différentes confessions ou non-confessions. Tout comme ce brassage culturel. Tout comme ces paysages si variés, ces merveilleux villages et montagnes enneigées.
Cette ville cosmopolite qu'est Paris est unique.
Oui, dommage qu'elle soit polluée, violée par tant de voitures et de violence. Mais nous pouvons y goûter à toutes les spécialités du monde, y découvrir tant de richesses. Parmi les visages des victimes si pénibles à découvrir se trouvent, par ailleurs, des étrangers, dont un musicien syrien...
Il se trouve qu'à cause de la colonisation, mes parents ont été coupés de leurs ressources spirituelles et culturelles. Et que paradoxalement, c'est à Paris que j'ai entendu parler pour la première fois de Rumi ou d'Ibn Arabi, que j'ai renoué avec un héritage qui m'a été occulté.
Et grâce, de surcroît, à des français convertis ! Cela fut une étape cruciale de ma vie. Ce que je suis, ce n'est donc nullement une identité figée, mais un être en constante évolution.
Je dois cependant subir une double peine :
Cet Islam qui irradie ma vie, il se trouve malmené de la part de deux clans ignorants, qui se font miroir et se renforcent mutuellement :
- d'un côté, ceux qui le réduisent à un code moral asséché de sa sève métaphysique (sans parler de ceux, bien différents, qui aboutissent à en faire usage pour justifier leur violence, et je tiens à cette distinction)...
- de l'autre côté, ceux qui le polluent de leurs mensonges et de leur ignorance.
Initialement, je pensais mettre le drapeau de la France sur ma photo de profil. Or, je ne l'avais pas fait quand la Tunisie fut touchée par la barbarie. Ni dans d'autres pays. Et cela m'attriste d'assister à la compétition que l'on érige entre les victimes, à la bataille des chiffres. Tout comme à la sympathie sélective en fonction de la nationalité des victimes et de leurs bourreaux, vous me comprendrez.
Je voulus alors créer une mosaïque de drapeaux de pays touchés, récemment au moins. Mais la liste est si longue. ...
Ces terroristes qui prétendent défendre les victimes musulmanes dans le monde alors qu'ils ne font que les attaquer, je ne voulais pas les privilégier. Entre le terrorisme intérieur (pensons aux USA), le terrorisme des envahisseurs, les guerres d'ingérence (y compris celles menées par mon pays d'adoption, chose qui me fait si mal au coeur), le terrorisme des dictateurs, c'est plutôt des pays non touchés qu'il faudrait chercher, comme des oasis au milieu du désert...
Oui, car c'est bien le désert qui se profile à l'horizon, quand on pense à la violence faite à la nature, à l'image des ravages de nos jardins intérieurs... Saurions-nous sauver, dans ces derniers, des parterres de roses, de toutes les couleurs ?
Et là le témoignage de mon ami Mohammed Boualam :
13/11/2015 : MA DERNIÈRE NAISSANCE DE FRANÇAIS !
Je suis né un vendredi 13 novembre 2015, au soir, dans la douleur, je suis né avec trois taches de couleur dans mes yeux, bleu comme le ciel de ma belle Provence, Blanc comme le plumage d'une colombe, rouge comme la colère célèbre de toutes les révolutions du peuple français qui ont fait avancer le monde.
Pendant des années, j'étais français mais je portais diverses dénominations, j'étais un peu râleur, un peu racaille, un peu premier de la classe, un peu gitan, (normal quand on habite Arles), un peu espagnol, un peu italien, un peu africain, un peu américain du sud, un peu indien, un peu amérindien, un peu le bon, la brute et le truand, un peu John Cassavetes, un peu Jean Renoir, un peu James Dean, un peu Bruce Lee, un peu Jean Mandrin, un peu Alain Resnais, un peu Molière, un peu Jean moulin, un peu Louise Michel, un peu Gavroche, un peu abbé Pierre, un peu chrétien, un peu musulman, un peu juif, un peu athée, un peu bouddhiste, un peu agnostique, un peu vin, pas du tout viande, un peu noir, un peu asiatique, un peu viking, un peu Pink floyd, un peu ACDC, un peu les Doors, un peu Ferrat, un peu Ferré, un peu Jacques Brel, un peu Renaud, un peu Coluche, un peu René Vautier, un peu Che Guevarra, un tout petit peu, très peu JFK, un peu Ghandi, un peu Mohamed Ali, un peu Emir Abdel Kader, UN PEU BEAUCOUP PACIFISTE, un peu beaucoup Palestinien, un peu beaucoup Averroès, un peu Kateb Yacine, un peu Ali la pointe, un peu « chroniques des années de braises », un peu « nuit et brouillard », un peu numide, un peu barbare, un peu Massinissa, un peu un peu arabe, un peu berbère.
Quelques fois, on ne voulait pas que je sois français, même pas un peu, un chouiya, alors, je fuyais.
Quelques fois, on me prenait dans des bras.
Alors, j'ai avancé avec mes multiples couleurs et identités, mes richesses jusqu'à ce jour, et là, PATATRA ou plutôt BATACLAN : l'inacceptable CRIME.
Plus de cent tombes me regardaient, culpabilisantes. Pourquoi ?
Car mes parents sont musulmans et j'ai eu peur pour eux et pour bien d'autres, classé comme étrangers. J'ai crié, j'ai vu le jour.
A ma naissance, ce vendredi sanglant, j'ai compris que j'étais dans mon pays. J’ÉTAIS ENFIN FRANÇAIS. VOUS NE POUVEZ PAS IMAGINER CE QUE JE RESSENTAIS, C’ÉTAIT COMME UN SOURIRE D'UNE DOUCE MÈRE QUI EMBRASSE SON ENFANT.
Je sais, c'est un peu guimauve, un peu culcul, mais l'amour, lui au moins ne tue pas.
Je suis malheureusement arrivé trop tard au pays de Zola, le drame, la peine et la peur avaient tout dévastés, je continuais à crier : "on va tout reconstruire, on va se battre pour plus de liberté, d’égalité, de fraternité".
Alors, là une jeune femme, qui m'entendait hurler fredonna une chanson, que j'avais maintes fois chanté dés l’école primaire, je me souviens encore, je me souviens aussi du chant des partisans, de la coupo santo et d'une autre chanson occitane, l'enfance est faite de découvertes, les enfants d'aujourd'hui, garderont en souvenir ces rassemblements de foules dans toutes les villes et dans tous les villages de la douce France de Charles Trenet, dans toutes les villes du monde et même de Damas, de Gaza, ils les garderont comme des fleurs fragiles jusqu'au jour où ils les donneront à d'autres enfants.
J'ai en moi toutes ces fleurs, qui méritent d’acquérir toutes les nationalités du monde.
Pas besoin de prouver autre chose pour être français.
Au bout de trois jours, l'unité et l'union sacrée contre la folie était brisée dans une assemblée de costards cravates, ce fut mon coup de grâce et je suis tombé en larmes, sur le sol qui m'a vu grandir.
Pardon chers frères humains, chères soeurs humaines, d’être en retard.
Je vais vous dire "maintenant ils peuvent venir" ils ne tueront pas mon premier pays. L'autre vous le connaissez.
Ces habitants n'avaient pas accès au bouton facebook (je suis en sécurité), d’ailleurs aujourd'hui, le Liban, la Syrie, la Libye, Gaza, non toujours pas ce bouton magique alors que l'horreur fait partie du quotidien des habitants. L'autre pays que vous connaissez à cause de la page de l'histoire qui le lie à la France, a ses rues bordées de roses rouges qui comme sa lune et son étoile sont les souvenirs du sang versé par la folie assassine des hommes.
JE SUIS FRANÇAIS, alors, il reste de l'espoir !
Mais oui ton drapeau, il est beau, même si le blanc est la couleur de la royauté qui a humiliée des serfs pendant des siècles, C'est comme ça, c'est l'histoire, c'est aussi la drapeau des résistants pour libérer le pays, et il n'est surtout pas celui des fascistes...
Ne me regarde pas avec ses yeux qui me questionnent ou parce que mon prénom est Mohammed.
Sinon appelle moi Momo, on croira que cela veut dire Maurice.
Pose le là, sur mon lit, l'ensanglanté, on va le soigner, à la lumière de cette bougie qui témoigne de notre désarroi et d'un hommage aux victimes de la haine. Chez moi, il est en sécurité. J'ai appris de mes parents et de leurs parents, les premiers secours pour recoudre les blessures du drapeau algérien qui a traversé des milliers de bataille sans fléchir. C'était limite qu'il se fasse amputer du monde. Tu vois, je sais faire, il va se rétablir très vite, le drapeau du pays des droits de l'homme.
Tu te doutes bien, que parmi les morts, nombreux ont différents drapeaux, ils sont de toutes origines et de toutes les nationalités.
J'aime bien les drapeaux, j'ai beaucoup de chance, j'en ai plusieurs, le français, le rouge, le noir, l’algérien, le palestinien, le multicolore, le pirate, et bien d'autres mais le plus beau c'est celui qui a toutes les couleurs de la terre mais l'humanité n'est pas encore prête car il reste encore des armes à détruire. Ce pays et ton peuple, mon peuple de France, je le défendrai car je t'aime mon ami(e) et j'aime la paix.
Il faut juste que les drapeaux ne nous bandent pas les yeux et que les hymnes nationaux ne nous rendent pas sourds, sinon, c'est la fin. ...
Mohammed Boualam
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